Tests de la fonction pulmonaire : Interpréter la spirométrie et la DLCO

Tests de la fonction pulmonaire : Interpréter la spirométrie et la DLCO
vicky herrera nov., 27 2025

Comprendre les tests de la fonction pulmonaire

Quand vous avez du mal à respirer, sans raison évidente, les médecins ne se contentent pas de vous écouter avec un stéthoscope. Ils vous demandent de souffler fort dans un tube. C’est la spirométrie. Et parfois, ils ajoutent un autre test : la DLCO. Ces deux examens ne sont pas des gadgets. Ce sont des outils précis qui révèlent ce qui se passe dans vos poumons, même quand tout semble normal à l’oreille.

La spirométrie mesure combien d’air vous pouvez expulser et à quelle vitesse. La DLCO, elle, regarde comment l’oxygène passe de vos poumons à votre sang. Ensemble, ils forment une équipe. L’un montre les obstructions, l’autre détecte les fuites dans les échanges gazeux. Beaucoup de gens pensent que si la spirométrie est normale, tout va bien. Ce n’est pas vrai. Des maladies comme l’emphysème en début de phase ou les caillots pulmonaires peuvent passer inaperçus sans la DLCO.

Comment fonctionne la spirométrie ?

Pour ce test, vous respirez profondément, puis vous soufflez aussi fort et aussi longtemps que possible dans un appareil. L’appareil enregistre deux chiffres clés : le VEMS (volume expiratoire forcé en une seconde) et la CVF (capacité vitale forcée). Le rapport VEMS/CVF est le plus important. Si ce ratio est inférieur à 0,7, vous avez une obstruction. C’est typique de l’asthme, de la BPCO ou de la bronchite chronique.

Si la CVF est basse mais que le ratio VEMS/CVF est normal ou élevé, c’est un signe de restriction. Mais attention : ce n’est pas toujours une maladie du poumon. Parfois, c’est juste un ventre trop volumineux, une colonne courbée, ou un muscle diaphragmatique faible. C’est là que la DLCO entre en jeu. Elle aide à savoir si la restriction vient du poumon lui-même ou de l’extérieur.

Des valeurs normales de VEMS et de CVF sont généralement supérieures à 80 % des valeurs prédites, selon les normes de la Société thoracique américaine. Mais ce n’est pas une simple comparaison. Il faut aussi regarder la forme du tracé. Un souffle qui s’arrête trop vite, même avec des chiffres dans la norme, peut déjà indiquer un début de maladie.

Qu’est-ce que la DLCO et pourquoi est-elle si importante ?

La DLCO, ou capacité de diffusion du monoxyde de carbone, mesure l’efficacité avec laquelle l’oxygène passe de vos alvéoles (les petites poches d’air dans les poumons) vers votre sang. Pour ce test, vous inhalez un mélange de gaz contenant une petite quantité de monoxyde de carbone, vous retenez votre respiration pendant 10 secondes, puis vous expirez. L’appareil calcule combien de CO a traversé la paroi des alvéoles.

La valeur normale se situe entre 75 % et 140 % de la valeur prédite, selon votre âge, votre sexe et votre taille. En dessous de 75 %, c’est une diminution. Au-dessus de 140 %, c’est une élévation. Ce test est particulièrement utile parce qu’il détecte des problèmes invisibles à la spirométrie. Par exemple, dans la fibrose pulmonaire, la DLCO chute souvent avant que la CVF ne baisse. Cela permet de poser le diagnostic jusqu’à 18 mois plus tôt.

Des études montrent que chez les patients atteints de fibrose pulmonaire, une DLCO inférieure à 35 % est liée à un risque de décès multiplié par 2,8. C’est pourquoi les médecins la surveillent de près chez ces patients. Elle est aussi un indicateur clé pour évaluer l’efficacité des traitements dans les essais cliniques.

Patient retenant sa respiration pendant un test DLCO, avec des échanges gazeux lumineux dans les poumons.

Différencier les maladies grâce aux deux tests

Voici comment les deux tests travaillent ensemble pour déchiffrer les maladies :

  • Emphysème : La spirométrie peut être normale au début. La DLCO, elle, est déjà basse. C’est un des rares cas où une DLCO faible sans anomalie de spirométrie est un signe très spécifique.
  • Fibrose pulmonaire : Les deux tests sont souvent bas, mais la DLCO est plus basse que la CVF. C’est un motif classique.
  • Obstruction (BPCO, asthme) : VEMS/CVF < 0,7. La DLCO peut être normale, basse ou même élevée. Dans l’asthme aigu, la DLCO peut monter à 120-140 % à cause de l’hyperinflation des poumons.
  • Caillots pulmonaires chroniques : La DLCO est basse, la spirométrie est normale. C’est un piège diagnostique fréquent. Beaucoup de patients sont traités pour de l’asthme pendant des années, alors qu’ils ont des embolies pulmonaires non diagnostiquées.
  • Restriction extrapulmonaire (obésité, déformation thoracique) : La CVF est basse, mais la DLCO est normale. Le poumon lui-même n’est pas malade.

Le rapport CVF/DLCO est un outil sous-estimé. Si ce ratio dépasse 1,6, il y a 92 % de chances que le patient ait une hypertension pulmonaire. Ce n’est pas un diagnostic à lui seul, mais c’est un signal d’alarme puissant.

Les pièges courants d’interprétation

La DLCO est le test le plus mal compris en pneumologie. Même les spécialistes se trompent. Pourquoi ? Parce qu’elle est influencée par plusieurs facteurs que beaucoup ignorent.

  • L’anémie : Chaque gramme par décilitre de hémoglobine en moins réduit la DLCO d’environ 1 %. Si vous n’avez pas mesuré la hémoglobine, vous pouvez croire à une maladie pulmonaire alors que c’est juste une carence en fer.
  • Le tabac : Fumer augmente le taux de carboxyhémoglobine dans le sang. Cela fausse la DLCO en la faisant baisser artificiellement de 5 à 10 %. Il faut arrêter de fumer 24 heures avant le test.
  • La capacité alvéolaire : Si vos alvéoles sont réduites (par exemple à cause d’une pneumonie ou d’une chirurgie), la DLCO baisse. Mais ce n’est pas forcément une maladie du tissu pulmonaire. Il faut corriger la DLCO par le volume alvéolaire pour avoir une vraie mesure.
  • La respiration : Si vous ne retenez pas votre souffle exactement 10 secondes, le résultat est faux. Beaucoup de patients âgés ou fatigués ne peuvent pas le faire. C’est pourquoi certains tests doivent être répétés.

Un bon médecin ne regarde pas la DLCO en isolation. Il la regarde avec la hémoglobine, le volume alvéolaire, l’histoire clinique, et les résultats de la spirométrie. Sans cette vue d’ensemble, vous risquez de mal diagnostiquer un patient.

Comparaison visuelle entre poumons sains et malades avec un indicateur de pression pulmonaire.

Quand faut-il faire ces tests ?

Les recommandations sont claires. La spirométrie doit être le premier test pour tout patient ayant une dyspnée inexpliquée, une toux chronique ou un antécédent d’exposition aux poussières. La DLCO est recommandée dans plusieurs cas précis :

  • Quand la spirométrie montre une restriction sans cause évidente
  • Avant une chirurgie du poumon pour évaluer le risque
  • Quand on soupçonne une maladie interstitielle, une maladie du tissu conjonctif ou une hypertension pulmonaire
  • Quand la dyspnée persiste malgré une spirométrie normale
  • Pour suivre l’évolution de la fibrose pulmonaire ou de la BPCO

En 2023, les taux de remboursement pour la spirométrie étaient de 45 à 65 dollars, et pour la DLCO, de 85 à 110 dollars. Ce n’est pas un test cher. Et son utilisation augmente de 4,2 % chaque année. Les hôpitaux et les cliniques le font de plus en plus, parce qu’il change la prise en charge.

Les limites et les avancées à venir

La DLCO n’est pas parfaite. Elle ne dit pas quelle maladie exacte vous avez. Elle dit seulement que les échanges gazeux sont altérés. Pour savoir si c’est de la fibrose, de l’emphysème ou un caillot, il faut d’autres examens : scanner, échocardiogramme, parfois une biopsie.

Mais la technologie avance. Des algorithmes d’intelligence artificielle, testés à la Mayo Clinic en 2023, arrivent à prédire l’hypertension pulmonaire à partir du tracé de la DLCO avec 88 % de précision. Dans les années à venir, ces outils pourront aider les médecins à interpréter les résultats plus vite et plus précisément.

Le message est simple : ne négligez pas la DLCO. Ce n’est pas un test de luxe. C’est une pièce essentielle du puzzle respiratoire. Même si votre spirométrie est normale, une DLCO basse peut être le premier signe d’une maladie grave. Et un diagnostic précoce, c’est ce qui sauve des vies.

Que faire après le test ?

Si vos résultats sont anormaux, ne paniquez pas. La plupart des anomalies ont des explications simples. Demandez à votre médecin :

  • La valeur exacte de la DLCO et de la CVF, en pourcentage prédit
  • Si la hémoglobine a été mesurée
  • Si le volume alvéolaire a été corrigé
  • Quelles maladies sont les plus probables selon les deux tests
  • Quels examens viennent ensuite (scanner ? échocardiogramme ?)

Si vous êtes diagnostiqué avec une maladie comme la fibrose pulmonaire ou l’emphysème, suivez les recommandations : arrêtez de fumer, faites du sport adapté, suivez les traitements. La DLCO n’est pas qu’un chiffre. C’est une boussole. Elle vous montre la direction à prendre.

Quelle est la différence entre la spirométrie et la DLCO ?

La spirométrie mesure le volume et la vitesse de l’air que vous expirez. Elle détecte les obstructions (comme l’asthme) ou les restrictions (comme la fibrose). La DLCO, elle, mesure la capacité de vos poumons à transférer l’oxygène dans votre sang. Elle révèle des problèmes au niveau des alvéoles et des capillaires, invisibles à la spirométrie.

Pourquoi ma DLCO est-elle basse alors que ma spirométrie est normale ?

Cela peut indiquer une maladie au niveau de la paroi alvéolaire ou des vaisseaux sanguins. Les causes possibles incluent l’emphysème en début de phase, des caillots pulmonaires chroniques, une maladie du tissu conjonctif ou une hypertension pulmonaire. Il faut approfondir avec un scanner thoracique ou d’autres examens.

L’anémie peut-elle fausser la DLCO ?

Oui. Chaque gramme de hémoglobine en moins par décilitre réduit la DLCO d’environ 1 %. Si vous êtes anémique, votre DLCO peut sembler basse alors que vos poumons sont sains. C’est pourquoi la mesure de la hémoglobine est obligatoire avant ce test.

Fumer avant le test peut-il fausser les résultats ?

Oui. Le tabac augmente le taux de carboxyhémoglobine dans le sang, ce qui réduit artificiellement la DLCO de 5 à 10 %. Il est recommandé d’arrêter de fumer au moins 24 heures avant le test pour obtenir un résultat fiable.

La DLCO est-elle nécessaire pour diagnostiquer l’asthme ?

Pas toujours. L’asthme se diagnostique principalement par la spirométrie et la réponse à un bronchodilatateur. Mais si la spirométrie est normale et que vous avez des symptômes, une DLCO normale peut aider à confirmer que ce n’est pas une maladie du tissu pulmonaire, et orienter vers d’autres tests comme la provocation bronchique.