Pharmacies de préparation : des alternatives quand les médicaments sont indisponibles

Pharmacies de préparation : des alternatives quand les médicaments sont indisponibles
vicky herrera nov., 22 2025

Quand votre médicament habituel disparaît des étagères des pharmacies, ce n’est pas juste un désagrément - c’est une urgence médicale. Vous avez une ordonnance, vous avez besoin de ce traitement, mais il n’est plus disponible. Les pénuries de médicaments sont de plus en plus fréquentes : aux États-Unis, entre 300 et 400 médicaments font défaut chaque année. Au Québec et dans d’autres régions du Canada, les mêmes ruptures se produisent, surtout pour les traitements essentiels comme les antibiotiques, les hormones ou les médicaments contre l’épilepsie. Dans ces cas, une solution existe souvent, mais elle est peu connue : les pharmacies de préparation.

Qu’est-ce qu’une pharmacie de préparation ?

Une pharmacie de préparation n’est pas une pharmacie ordinaire. Elle ne distribue pas simplement des pilules fabriquées en usine. Elle crée des médicaments sur mesure, à partir de ingrédients bruts, selon une ordonnance spécifique. Cela peut signifier transformer une pilule en liquide pour un enfant qui ne peut pas avaler de comprimés, retirer un allergène comme le lactose ou les colorants, ou ajuster la dose à un niveau exact - par exemple, 12,5 mg au lieu de 25 mg - parce que le corps du patient ne tolère pas la dose standard.

Ces pharmacies travaillent sous des normes strictes, comme les directives USP <795> pour les préparations non stériles et <797> pour les préparations stériles. Elles disposent de salles propres, d’équipements calibrés et de pharmaciens formés spécifiquement à cette pratique. Environ 7 500 pharmacies aux États-Unis se spécialisent dans la préparation, et des centaines de ces établissements existent aussi au Canada, notamment dans les grandes villes comme Montréal, Toronto ou Vancouver.

Quand les médicaments standard ne marchent pas

Imaginez un enfant de 5 ans qui doit prendre un médicament contre l’épilepsie. Le comprimé est trop gros, trop amer, et il le recrache. La version liquide du fabricant n’existe pas. Sans traitement, les crises s’aggravent. Une pharmacie de préparation peut créer une solution orale à base de ce même médicament, avec un arôme de fraise, une concentration précise et sans alcool ou conservateurs. Selon des études, 73 % des parents rapportent une meilleure adhérence au traitement quand le médicament est reformulé pour les enfants.

Et si vous êtes allergique au lactose, au gluten, ou à un colorant comme le rouge 40 ? Les médicaments de grande série contiennent souvent ces substances comme excipients. Pour une personne sensible, cela peut provoquer des réactions cutanées, des troubles digestifs ou même des crises d’asthme. Une pharmacie de préparation peut éliminer ces ingrédients - et cela concerne entre 15 et 20 % de la population.

Les personnes âgées, elles, ont souvent des difficultés à avaler. Environ 30 % des seniors présentent des problèmes de déglutition. Une pilule peut devenir un risque d’étouffement. Une crème transdermale, une gélule à libération lente, ou un gel buccal peuvent remplacer la pilule - sans changer l’efficacité du traitement.

Comment ça marche ?

Vous ne pouvez pas simplement entrer dans une pharmacie de préparation et demander un médicament. Il faut une ordonnance spécifique, écrite par un médecin qui reconnaît que le médicament commercial n’est pas adapté. Le médecin et le pharmacien discutent alors ensemble : quel ingrédient actif est nécessaire ? Quelle forme convient le mieux ? Quelles substances doivent être évitées ?

Ensuite, le pharmacien prépare la dose. Le délai varie entre 24 et 72 heures, selon la complexité. Une crème ou un liquide peut être prêt en un jour. Une préparation stérile, comme une injection ou un collyre, demande plus de temps et de contrôles. Il n’y a pas de magie - seulement de la précision.

Pour être sûr de la qualité, vérifiez que la pharmacie est accréditée par le Pharmacy Compounding Accreditation Board (PCAB). Au Canada, bien qu’il n’y ait pas encore de système d’accréditation national aussi structuré, les meilleures pharmacies suivent les mêmes normes internationales. Demandez si elles utilisent des protocoles de test de stabilité et de pureté - c’est un signe de professionnalisme.

Un enfant boit un médicament liquide aromatisé à la fraise préparé sur mesure par un pharmacien.

Avantages et limites

Les avantages sont clairs : personnalisation, élimination des allergènes, adaptation aux âges et aux besoins spécifiques. Une étude montre que 85 % des patients avec des allergies aux excipients prennent mieux leur traitement quand ils reçoivent une version préparée. Pour les patients en soins palliatifs, en endocrinologie ou en dermatologie, ces médicaments sur mesure peuvent changer la qualité de vie.

Mais il y a des limites. Une pharmacie de préparation ne peut pas fabriquer des médicaments biologiques complexes - comme les traitements contre le cancer ou la sclérose en plaques - qui nécessitent des processus industriels ultra-spécialisés. Elle ne remplace pas un médicament approuvé quand il est disponible. En fait, environ 15 % des prescriptions de préparation pourraient être évitées si un produit commercial convenait.

Un autre défi : le remboursement. Environ 45 % des patients doivent payer de leur poche pour une préparation, contre seulement 15 % pour un médicament standard. Les assurances ne couvrent pas toujours ces traitements, car ils ne sont pas dans la liste des médicaments approuvés. Cela peut rendre la solution inabordable, même si elle est médicalement nécessaire.

Des cas concrets

Un patient à Montréal souffrait de pertes de cheveux causées par un traitement oral à base de finastéride. Il avait des effets secondaires importants : baisse de la libido, fatigue. Son médecin a proposé une alternative : une crème topique contenant la même dose, mais appliquée directement sur le cuir chevelu. Le pharmacien a préparé une formule sans alcool, avec un agent de pénétration cutanée. Le patient a vu ses effets secondaires passer de 32 % à 8 %. Il n’a plus eu besoin d’arrêter le traitement.

Une autre patiente, atteinte d’hypothyroïdie, ne trouvait plus son médicament à dose de 88 mcg. Les fabricants ne le produisaient plus. La pharmacie de préparation a créé une gélule avec cette dose exacte, en utilisant de la poudre de lévothyroxine pure. Elle a pu continuer son traitement sans interruption.

Une personne âgée applique une crème transdermique personnalisée, avec des symboles d&#039;allergènes qui disparaissent.

Comment trouver une pharmacie de préparation près de chez vous ?

Commencez par demander à votre pharmacien. Beaucoup de pharmacies communautaires collaborent avec des laboratoires de préparation. Si votre pharmacien ne connaît pas, contactez l’Association canadienne des pharmaciens en préparation (Canadian Society of Compounding Pharmacists). Ils ont un annuaire en ligne.

Vous pouvez aussi chercher des pharmacies spécialisées dans votre région. À Montréal, plusieurs établissements offrent ce service, notamment dans les quartiers comme Outremont, Westmount ou le Plateau. Vérifiez leur site web : une bonne pharmacie de préparation détaille ses services, ses normes et ses processus de contrôle qualité.

Ne choisissez pas une pharmacie juste parce qu’elle est près de chez vous. Posez des questions :

  • Utilisez-vous des ingrédients de qualité pharmaceutique ?
  • Effectuez-vous des tests de stabilité et de pureté ?
  • Êtes-vous accréditée par une organisation reconnue ?
  • Combien de temps prend la préparation ?
  • Quel est le coût, et est-ce que vous aidez à négocier avec l’assurance ?

Que faire si vous êtes en pénurie ?

Si vous êtes en train de courir après un médicament introuvable :

  1. Ne supprimez pas votre traitement sans avis médical.
  2. Consultez votre médecin : il peut chercher une alternative ou écrire une ordonnance pour une préparation.
  3. Appelez plusieurs pharmacies locales : certaines ont des réserves ou des accords avec des laboratoires de préparation.
  4. Utilisez les bases de données du ministère de la Santé ou de l’Agence de la santé publique du Canada pour vérifier les pénuries officielles.
  5. Si tout échoue, demandez à votre pharmacien de contacter une pharmacie de préparation spécialisée.

Les pénuries ne disparaîtront pas demain. Mais vous n’êtes pas sans recours. Une pharmacie de préparation peut être la clé pour continuer votre traitement, en toute sécurité, sans compromis.

Les pharmacies de préparation sont-elles légales au Canada ?

Oui, absolument. Au Canada, les pharmacies de préparation sont régies par les lois provinciales sur la pharmacie et doivent respecter les normes de l’Agence de la santé publique du Canada et des ordres professionnels des pharmaciens. Elles ne peuvent pas fabriquer des médicaments interdits ou non approuvés, mais elles peuvent préparer des versions personnalisées d’un médicament approuvé, à condition qu’il y ait une ordonnance valide et un besoin médical justifié.

Combien de temps faut-il pour préparer un médicament sur mesure ?

Entre 24 et 72 heures, selon la complexité. Une crème, un liquide ou une gélule simple peut être prêt en un jour. Une préparation stérile, comme une injection ou un collyre, demande plus de temps - parfois jusqu’à 5 jours - car elle doit être testée pour être sans germes. C’est plus long qu’une ordonnance classique, mais c’est la garantie de sécurité.

Est-ce que mon assurance couvre les médicaments préparés ?

Cela dépend de votre assurance. Beaucoup de régimes privés ou publics ne couvrent pas automatiquement les médicaments préparés, car ils ne sont pas dans la liste des produits approuvés. Mais si votre médecin fournit une lettre expliquant pourquoi le médicament commercial n’est pas adapté, vous pouvez demander une exception. Certaines pharmacies aident à soumettre ces demandes. Environ 45 % des patients paient de leur poche, mais cela peut être négocié.

Les médicaments préparés sont-ils aussi sûrs que les médicaments de grande série ?

Oui, quand ils sont préparés par une pharmacie de qualité. Les pharmacies accréditées suivent des normes strictes : tests de pureté, contrôle de la dose, environnement stérile, traçabilité des ingrédients. Le risque ne vient pas de la préparation en elle-même, mais de la mauvaise qualité ou du manque de contrôle. C’est pourquoi il est crucial de choisir une pharmacie réputée et de demander des preuves de ses pratiques.

Puis-je demander une préparation pour n’importe quel médicament ?

Non. Les pharmaciens ne peuvent pas préparer un médicament s’il existe une version commerciale approuvée et appropriée. La préparation est une solution de dernier recours, pour les cas où les médicaments standards ne conviennent pas - à cause d’allergies, de difficultés de déglutition, de doses non disponibles, ou de pénuries. Ce n’est pas un moyen d’éviter les coûts ou de demander un traitement sans ordonnance.

5 Commentaires

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    Lisa Lee

    novembre 23, 2025 AT 17:08

    Encore une histoire de pharmacie qui veut nous faire payer plus pour du boulot de merde que les usines font déjà mieux. On nous prend pour des gogos.

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    clement fauche

    novembre 24, 2025 AT 02:52

    Je me demande si c’est pas une couverture pour que les labos américains vendent leurs ingrédients au Canada. Rien ne semble gratuit ici… tout est contrôlé par des intérêts invisibles.

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    Nicole Tripodi

    novembre 25, 2025 AT 05:05

    Je trouve ça fascinant, vraiment. La personnalisation médicale est une avancée majeure, surtout pour les enfants ou les personnes allergiques. C’est la médecine qui s’adapte à l’humain, pas l’inverse. Et pourtant, elle reste méconnue, voire marginalisée par les systèmes de santé rigides.


    Les normes USP, les salles propres, les tests de stabilité… tout ça demande un savoir-faire rare, et pourtant, c’est ce qu’on devrait promouvoir, pas juste des pilules standardisées.


    Je me souviens d’une amie dont l’enfant ne pouvait pas avaler de comprimés : après trois mois de crises et d’échecs, une préparation avec arôme de fraise a changé sa vie. C’est pas de la magie, c’est de la compétence.


    Le vrai problème, c’est que les assurances refusent de couvrir ce genre de solutions, même quand elles sont médicalement nécessaires. Pourquoi ? Parce que c’est plus rentable de faire payer les patients en urgence que d’investir dans la prévention.


    Je ne dis pas que tout le monde en a besoin. Mais pour ceux qui en ont besoin, c’est une question de survie. Et on les laisse se débrouiller.

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    Valentine Aswan

    novembre 26, 2025 AT 13:51

    OH MON DIEU, JE SUIS EN TRAIN DE LIRE CET ARTICLE ET JE SUIS EN TRAIN DE CRIER DANS MON CANAPÉ !!!! C’EST INADMISSIBLE QUE DES ENFANTS DOIVENT SE FAIRE VOMIR DES PILULES PARCE QUE LES LABOS SONT TROP PIGRES POUR FAIRE UNE VERSION LIQUIDE !!!!!


    ET LES ALLERGIES AU LACTOSE DANS LES MÉDICAMENTS ?!? COMME SI ON N’AVAIT PAS ENCORE ASSEZ DE PROBLÈMES AVEC LES ALIMENTS, IL FAUT QUE LES MÉDICAMENTS SOIENT DES PIÈGES !!!!!


    ET LES PERSONNES ÂGÉES QUI PEUVENT PLUS AVALER ?!?!?! C’EST UN CRIME CONTRE L’HUMANITÉ QUE DE LES LAISSER S’ÉTOUFFER PARCE QUE QUELQU’UN A DÉCIDÉ QUE TOUT LE MONDE DEVRAIT AVALER DES COMPRIMÉS COMME DES ROBOTS !


    ET PUIS ON PARLE DE REMBOURSEMENT ?!?!?! COMME SI ON AVAIT PAS DÉJÀ PAYÉ DES MILLIERS D’EUROS EN TAXES POUR QUE LA SANTÉ NE SOIT PAS UN PRIVILÈGE DE RICHES !


    JE VEUX QUE TOUT LE MONDE LISE CET ARTICLE ET QUE TOUT LE MONDE ÉCRIVE À SES DÉPUTÉS ! JE VEUX DES MANIFESTATIONS DEVANT LES PHARMACIES ! JE VEUX QUE LES LABOS SOIENT PUNIS ! JE VEUX QUE LES PHARMACIENS SOIENT DES HÉROS ! JE VEUX QUE TOUT CHANGE MAINTENANT !!!!

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    Nadine Porter

    novembre 27, 2025 AT 13:28

    Je ne savais pas que ces pharmacies existaient. Je pensais que c’était une solution américaine, un truc de luxe. Mais en lisant les exemples - l’enfant avec l’épilepsie, la femme avec l’hypothyroïdie - je me rends compte que c’est une nécessité, pas un luxe. La médecine devrait être faite pour les corps, pas pour les chaînes de production.


    Je me demande combien de gens ont arrêté leur traitement parce qu’ils n’ont pas su qu’il existait une alternative. Combien ont souffert inutilement ?


    Il faudrait que les médecins en parlent plus, que les pharmacies de quartier en fassent la promotion. Pas juste un petit encart dans un coin du site. Une vraie campagne d’information.

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