Lansoprazole est un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) utilisé pour traiter les reflux gastro‑œsophagiens, les ulcères gastriques et le syndrome de Zollinger‑Ellison. Il agit en bloquant la sécrétion d’acide chlorhydrique dans l’estomac, avec une demi‑vie d’environ 1,5h et une métabolisation hépatique via le cytochrome P450 (3A4). Les effets indésirables fréquents comprennent la diarrhée, les maux de tête et, à long terme, une possible altération de l’absorption du calcium.
De nombreux patients se demandent si le Lansoprazole et ostéoporose sont liés. Cette fiche rassemble les données les plus récentes, décrit les mécanismes biologiques et propose des stratégies concrètes pour protéger votre squelette.
Ostéoporose désigne une maladie systémique caractérisée par une densité minérale osseuse (DMO) réduite et une micro‑architecture détériorée, ce qui augmente le risque de fractures. Selon les dernières estimations de l’OMS, plus de 200millions de personnes dans le monde sont concernées, surtout les femmes post‑ménopausées et les hommes de plus de 70ans.
Les fractures les plus redoutées touchent le col du fémur, la vertèbre lombaire et le poignet. Une fracture vertébrale peut entraîner une perte de taille de 2à3cm et une diminution marquée de la qualité de vie.
Trois axes principaux expliquent le lien potentiel entre les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) et la fragilité osseuse :
Ces mécanismes ne sont pas exclusifs au lansoprazole ; ils concernent l’ensemble des IPP (oméprazole, pantoprazole, etc.). Cependant, la puissance de blocage acide de chaque molécule peut varier, influençant l’ampleur du risque.
Plusieurs méta‑analyses publiées entre 2018 et 2023 ont comparé les patients sous IPP à des contrôles sans IPP :
En résumé, le consensus actuel indique un **effet dose‑dépendant** : plus le traitement est long et à haute dose, plus le risque augmente.
Le simple usage d’un IPP n’est pas suffisant à déclencher l’ostéoporose. D’autres éléments jouent un rôle crucial :
Facteur | Influence | Exemple |
---|---|---|
Âge > 60ans | Réduction naturelle de la DMO | Patient de 68ans |
Sexe féminin (post‑ménopause) | Diminution rapide de l’œstrogène | Femme de 55ans |
Apport quotidien < 800mg de calcium | Moins de substrat pour la reminéralisation | Régime pauvre en produits laitiers |
Vitamine D < 20ng/mL | Absorption intestinale du calcium compromise | Résultat sanguin de 15ng/mL |
Tabagisme / alcool > 3unité/j | Effet toxique direct sur les ostéoblastes | Fumeur de 15cigarettes/j |
Lorsque ces facteurs coexistent, le lansoprazole peut jouer le rôle de « poussée supplémentaire » qui bascule le patient dans le stade d’ostéoporose.
Si vous devez prendre un antiacide sur le long terme, plusieurs options permettent de limiter le risque osseux :
Paramètre | IPP (ex. Lansoprazole) | H2‑Bloqueur (ex. Ranitidine) |
---|---|---|
Réduction du pH gastrique | Élevé (≤ 1) | Modéré (≈ 3‑4) |
Absorption du calcium | ‑5% à ‑15% selon la dose | ‑2% à ‑5% |
Risque de fracture (≥ 5ans) | 22% augmentation (col du fémur) | 7% augmentation (col du fémur) |
Effet secondaire gastro‑intestinale | Diarrhée, dyspepsie | Rash, céphalées |
Utilisation chez les patients à risque osseux | Contre‑indiqué si DMO <‑2,5SD | Acceptable avec suivi |
Les directives du NICE (Royaume‑Uni) recommandent d’éviter les IPP chez les patients à haut risque d’ostéoporose, sauf indication clairement justifiée. De même, la FDA a ajouté une mention d’avertissement sur les étiquettes des IPP depuis 2022, rappelant le suivi de la densité osseuse pour les traitements >1an.
Le Lansoprazole n’est pas le seul coupable, mais il peut contribuer de façon mesurable à la perte de densité osseuse, surtout lorsqu’il est utilisé à fortes doses et sur le long terme. En combinant une surveillance médicale, des suppléments adéquats et, éventuellement, une alternative H2‑bloqueur, il est possible de profiter de ses bénéfices digestifs sans sacrifier la solidité de son squelette.
Oui, les études montrent une hausse d’environ 15‑25% du risque de fracture du col du fémur après 5ans d’usage continu, surtout chez les patients de plus de 60ans et ceux ayant un apport insuffisant en calcium.
Le moyen le plus fiable est la densitométrie osseuse (DEXA) qui mesure la densité minérale en g/cm². Un résultat inférieur à -2,5déviation‑type indique une ostéoporose confirmée.
Pas forcément. L’idéal est d’évaluer avec votre médecin la nécessité du traitement. Si le lansoprazole est indispensable, augmentez le calcium (citrate de calcium) et ajoutez de la vitamine D pour compenser la moindre absorption.
Ils présentent un risque beaucoup plus faible, mais pas nul. Une surveillance annuelle reste conseillée chez les patients à haut risque d’ostéoporose.
Les autorités recommandent 800 à 1000 UI (20‑25µg) par jour, voire 2000UI chez les déficients avérés. Un contrôle sanguin tous les 6‑12mois permet d’ajuster la dose.
Oui, il peut réduire légèrement l’absorption du magnésium, ce qui peut mener à des crampes musculaires et, à très long terme, à une ostéoporose secondaire. Un suivi du magnésium sérique est recommandé si le traitement dépasse un an.