Vous avez vu passer le nom Fertomid sur un forum, une ordonnance ou une boîte venue de l’étranger et vous voulez des infos claires, sans jargon. Est-ce le bon médicament pour déclencher l’ovulation ? Est-il disponible au Canada ? Quels effets secondaires attendre, et comment le prendre sans se perdre dans les détails ? Voici l’essentiel, avec des étapes concrètes pour agir sans stress.
Fertomid : c’est quoi, et est-ce disponible au Canada ?
Fertomid est un nom de marque du citrate de clomifène, un médicament qui stimule l’ovulation. On l’utilise surtout quand l’ovulation est rare ou absente, par exemple chez les personnes ayant un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK/PCOS). Le clomifène agit comme un modulateur sélectif des récepteurs aux estrogènes : il trompe le cerveau en lui faisant croire que le taux d’estrogènes est bas, ce qui pousse l’hypophyse à libérer plus de FSH et LH, et à maturer un follicule.
Au Canada, la molécule est disponible sous forme générique « citrate de clomifène » (le nom de marque historique « Clomid » a circulé, mais la disponibilité varie selon les périodes et les provinces). La marque « Fertomid », elle, est surtout utilisée en Inde et dans d’autres pays. En pratique, si vous habitez au Canada, votre pharmacien vous délivrera du clomifène générique avec un DIN (numéro d’identification de drogue) autorisé par Santé Canada, plutôt qu’un emballage « Fertomid ».
Attention aux achats sur internet : l’importation personnelle de médicaments d’ordonnance non autorisés par Santé Canada est très encadrée, et le risque de contrefaçon existe. Le plus simple : une prescription canadienne, une pharmacie canadienne, un produit avec DIN. En cas de rupture d’approvisionnement, le pharmacien peut proposer une commande spéciale ou une autre molécule (souvent le létrozole) après discussion avec votre médecin.
Qui en bénéficie le plus ? Les personnes avec anovulation/oligo-ovulation (PCOS surtout). Qui en bénéficie peu ? Quand l’ovulation est régulière mais que l’infertilité est due à d’autres causes (trompes bouchées, facteur masculin sévère, réserve ovarienne très basse). Dans ces cas, l’induction de l’ovulation seule ne suffit pas.
« Le citrate de clomifène est utilisé pour induire l’ovulation chez les patientes anovulatoires, mais chez les femmes avec SOPK, le létrozole est recommandé comme traitement de première intention en raison de taux de naissances vivantes supérieurs. » - Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) et ASRM, lignes directrices récentes
Traduction simple : le clomifène fonctionne, mais le létrozole fait souvent mieux, surtout dans le SOPK. Ça ne veut pas dire que le clomifène est « mauvais ». Il reste une option solide quand le létrozole n’est pas toléré, contre-indiqué, ou indisponible.
Mode d’emploi en pratique : protocoles, suivi et timing
Le clomifène se prend en comprimés sur 5 jours au début du cycle. La posologie exacte relève d’une prescription médicale, mais voici à quoi s’attendre pour vous repérer.
- Fenêtre de prise : généralement du jour 2 à 6, ou du jour 3 à 7 du cycle (le jour 1 est le premier jour de vraies règles).
- Dose de départ fréquente : 50 mg par jour pendant 5 jours. Si pas d’ovulation, on peut monter à 100 mg, puis 150 mg selon réponse et tolérance. Certaines équipes vont jusqu’à 200 mg, rarement.
- Durée : on essaie 3 cycles quand la réponse est bonne, jusqu’à 6 cycles au total. Au-delà, les chances par cycle n’augmentent plus et on réévalue la stratégie.
Surveillance typique (ça varie d’une clinique à l’autre) :
- Avant de commencer : évaluer la réserve ovarienne (AMH, FSH/estradiol début de cycle), vérifier les trompes (hystérosalpingographie) et le sperme du partenaire si concerné. Corriger d’abord les troubles thyroïdiens, prolactine élevée, poids, résistance à l’insuline.
- Pendant le cycle : échographie vers J11-J13 pour mesurer les follicules et l’épaisseur de l’endomètre. Option : dosage de progestérone environ 7 jours après l’ovulation présumée (ou J21 si ovulation vers J14) pour confirmer que l’ovulation a bien eu lieu.
- Tests d’ovulation à domicile (LH) : utiles pour caler les rapports ou une insémination intra-utérine (IIU/IUI).
Timing des rapports ou de l’IIU :
- Rapports tous les 1-2 jours à partir de J10 jusqu’à 2 jours après le pic de LH. Pas besoin de « viser l’heure », la régularité gagne.
- Si l’équipe utilise un déclenchement par hCG : l’IIU est souvent planifiée 36 heures après l’injection.
À quoi vous attendre côté chances ?
- Taux d’ovulation avec clomifène : environ 70-80 % des cycles répondent à une dose adéquate.
- Taux de grossesse par cycle : souvent 10-12 % (variable selon l’âge et les facteurs associés).
- Chez les femmes avec SOPK, des essais (notamment un NEJM 2014) ont montré des taux de naissances vivantes plus hauts avec le létrozole qu’avec le clomifène sur plusieurs cycles.
Petits repères pratiques qui aident vraiment :
- Pas d’ovulation à 50 mg ? Ne pas s’acharner : on augmente la dose ou on passe au létrozole. Trois cycles sans ovulation, ça suffit pour changer de plan.
- Endomètre trop fin (<7 mm) ou glaire cervicale sèche ? Le clomifène peut en être la cause. Les cliniques proposent alors souvent une IIU, un switch vers létrozole, ou un soutien progestérone en phase lutéale selon le contexte.
- Sur SOPK avec insulinorésistance : associer la metformine peut améliorer l’ovulation. À valider au cas par cas.
- Cycles très irréguliers ? Demandez un « provera challenge » ou un déclenchement de règles avant de démarrer un protocole.
Et si vous réagissez trop ? Si l’écho montre plusieurs gros follicules, la clinique peut recommander d’annuler le cycle ou d’éviter les rapports ciblés pour réduire le risque de grossesse multiple.
Effets secondaires, risques, contre-indications : ce qu’il faut vraiment savoir
Effets secondaires fréquents (généralement temporaires) :
- Bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, maux de tête.
- Saute d’humeur, irritabilité, fatigue.
- Ballonnements, gêne pelvienne, nausées légères.
- Sécheresse vaginale, douleur mammaire.
- Vision trouble/éblouissements : rare, mais urgent d’arrêter et d’appeler votre équipe si ça arrive.
Risques à garder en tête :
- Grossesse multiple : environ 5-8 % de jumeaux avec clomifène ; les triplés restent rares (<1 %).
- Hyperstimulation ovarienne (OHSS) : peu fréquente avec clomifène, bien plus rare qu’avec les gonadotrophines, mais possible si réponse très forte.
- Endomètre plus fin et glaire cervicale moins accueillante : effet antiestrogène du médicament.
Contre-indications majeures (parlez-en avant de commencer) :
- Grossesse en cours ou saignements inexpliqués.
- Maladie hépatique sévère, tumeurs hypophysaires/ovaires connues.
- Kystes ovariens non liés au SOPK (à vérifier à l’écho).
- Problèmes de vision persistants.
Interactions et précautions :
- On n’associe pas clomifène et létrozole dans le même cycle hors protocoles très spécifiques.
- Alcool : la modération est de mise, surtout les jours de prise et autour de l’ovulation.
- Médicaments : signalez tout (thyroïde, antidépresseurs, antiépileptiques, compléments « naturels ») à votre équipe.
- Lubrifiants : privilégiez des lubrifiants « fertility-friendly » si sécheresse.
Idées reçues à balayer :
- « Il faut viser J14 » : faux. L’ovulation dépend de votre réponse et peut arriver plus tôt ou plus tard.
- « Plus de comprimés = plus de chances » : non. Au-delà de la dose utile, les effets indésirables augmentent sans gain.
- « Le clomifène marche pour tout le monde » : non. Si les trompes sont bouchées ou si le sperme est très altéré, on change d’approche.
Alternatives, coûts, accès rapide et prochaines étapes
Beaucoup me demandent : « Je prends quoi entre clomifène, létrozole, ou des piqûres ? » La bonne réponse dépend de votre diagnostic, de votre âge, de votre tolérance, et du contexte local (au Québec, une partie du suivi est couverte par la RAMQ selon l’indication et la clinique).
Option |
Pour qui c’est surtout utile |
Taux de grossesse par cycle (approx.) |
Risque de jumeaux |
Surveillance |
Coût médication (Canada) |
Clomifène |
Anovulation/PCOS, cycles irréguliers |
~10-12 % |
5-8 % |
Echo ± progestérone, tests LH |
~20-60 $ / cycle |
Létrozole |
PCOS 1re intention, endomètre fin avec clomifène |
Souvent supérieur au clomifène en PCOS |
~3-5 % |
Echo ± progestérone, tests LH |
~10-30 $ / cycle |
Gonadotrophines (injections) |
Échecs oraux, IIU/AMP, certaines indications |
Variable, souvent plus élevé |
Plus élevé sans contrôle strict |
Échos et prises de sang rapprochées |
$$$ (centaines+ / cycle) |
Expectative (pas de médication) |
Ovulation régulière, fertilité inexpliquée |
Âge-dépendant |
Bas |
Aucune |
0 $ |
Prix indicatifs observés en 2024-2025 à Montréal et ailleurs au Canada sur génériques ; la disponibilité peut bouger avec les ruptures d’approvisionnement.
Décider vite et bien : trois questions qui clarifient tout de suite la suite.
- Mon ovulation est-elle prouvée ? Si non, clomifène ou létrozole. Si oui, inutile de stimuler « pour voir » sans autre raison.
- Mes trompes sont-elles perméables et le sperme est-il correct ? Si non, la stimulation seule ne résoudra pas le problème.
- Mon endomètre réagit-il bien ? S’il reste fin sous clomifène, pensez au switch vers létrozole.
Chemin rapide pour accéder aux infos officielles et agir cette semaine :
- Vérifier le statut du produit : demandez au pharmacien de confirmer un produit de « citrate de clomifène » avec DIN valide dans la Base de données sur les produits pharmaceutiques (DPD) de Santé Canada. Astuce : cherchez par ingrédient « clomifène/clomiphene citrate ».
- Planifier le bilan minimum : prise de sang début de cycle, écho pelvienne, spermogramme. Demandez à votre médecin de famille un formulaire de référence si besoin.
- Choisir la stratégie : PCOS ? Essayez d’abord le létrozole, sauf contre-indication. Sinon, clomifène reste une bonne option simple et peu coûteuse.
- Organiser le suivi : une écho vers J11-J13 et un point téléphonique pour adapter la dose le cycle suivant selon la réponse.
- Préparer le quotidien : tests LH, lubrifiant adapté, rappel de prise 5 jours, et un plan « que faire si je vois flou » (réponse : stop et appelez).
Mini-FAQ express :
- Fertomid est-il vendu tel quel au Canada ? Pas sous ce nom-là habituellement. Vous aurez du clomifène générique autorisé par Santé Canada.
- Combien de cycles ? Souvent 3 à 6. Au-delà, on change de stratégie.
- Et si je n’ovule pas à 150 mg ? On parle de « clomiphene resistance ». On passe au létrozole, on ajoute metformine si PCOS, ou on discute injections.
- Et les hommes ? Le clomifène peut être prescrit chez certains hommes pour stimuler la testostérone et, parfois, améliorer des paramètres spermatiques. C’est une autre indication, suivie par un urologue/endocrino.
- Ruines-t-il la réserve ovarienne ? Non. Il stimule, il n’épuise pas.
Troubleshooting par scénario :
- Endomètre à 5-6 mm : discutez d’un switch vers létrozole, d’un soutien progestatif en phase lutéale, ou d’une IIU si glaire défavorable.
- Deux ou trois gros follicules : évaluez le risque de multiples. Certaines cliniques recommandent d’annuler les rapports ciblés.
- Effets secondaires lourds : réduisez la dose, changez de molécule, ou espacez les cycles. Un bilan thyroïde/prolactine peut être refait si symptômes atypiques.
- Pas d’ovulation malgré augmentation : vérifiez poids, insuline, TSH ; switch vers létrozole, ajoutez metformine en PCOS ; envisagez une prise en charge en fertilité.
- Cycle imprévisible, vous voyagez : priorisez les tests LH à domicile et une écho unique au bon moment. Votre équipe peut ajuster par télémédecine.
Ce que disent les données récentes : une grande étude randomisée publiée dans le New England Journal of Medicine a montré, chez des femmes avec SOPK, des taux de naissances vivantes plus élevés avec le létrozole qu’avec le clomifène sur cinq cycles. Les sociétés savantes (ASRM, SOGC, ESHRE) ont depuis adapté leurs recommandations : le létrozole est souvent proposé en premier, le clomifène reste un plan B utile et accessible.
Dernier point important pour le Canada en 2025 : l’accès peut varier. Certaines pharmacies à Montréal doivent commander le clomifène ; les génériques de létrozole sont en général faciles à obtenir. Les échos et les prises de sang liées à la fertilité peuvent être couvertes en partie selon la province, le statut et la clinique. Demandez un estimé précis avant de commencer.
Si vous tenez un calendrier : visez 1 mois pour faire le bilan, 1 à 3 mois de tests/ajustements de dose, puis réévaluation. Si rien ne bouge en 3 cycles bien conduits, changez d’approche sans tarder. Le temps compte, surtout après 35 ans.
Vous n’avez pas besoin d’un produit « exactement » nommé Fertomid pour obtenir le même effet au Canada. Ce qui compte, c’est la molécule (clomifène), la bonne dose, un timing simple, et un suivi qui s’adapte à votre corps. C’est comme ça qu’on maximise les chances, sans y laisser votre sérénité.